Itinéraire de vélotafeuses : du 7ème aux Arnavaux, incarner un leadership à vélo


Au nord de Marseille, dans le tumulte du boulevard Lavoisier, un bureau pas comme les autres fait figure d’avant-garde en matière de mobilité durable. C’est au centre de tri des biodéchets des Alchimistes Provence, installé aux Arnavaux, que nous avons rencontré Lorraine, directrice générale, et Anne-Laure, son adjointe. Toutes deux vélotafeuses convaincues, elles ont fait du vélo, plus précisément du vélocargo, leur moyen de transport quotidien, dans un environnement pourtant peu hospitalier aux mobilités douces. Entre trafic de poids lourds, odeurs de compost et énergie collective, leur témoignage illustre comment l’engagement individuel peut devenir levier de transformation dans l’entreprise.
Qu'est-ce qui t'a fait choisir le vélotaf ? C'est quoi ton « déclic vélo »?
Lorraine: En fait, pour moi, le vélotaf n'a jamais été un choix délibéré, c'est plutôt une habitude qui s'est installée naturellement. J'ai toujours utilisé le vélo comme moyen de transport principal.
Anne Laure: Mon déclic vélo, c'est la grève de 1998. Je suis née avant 2000, et pendant cette grève, on ne pouvait plus se déplacer en métro. Comme je n'habitais pas tout près, j'ai pris un vélo et je n'ai quasiment plus arrêté depuis.
Qu'est-ce qui te plait dans ce mode de déplacement ? C'est quoi tes petits bonheurs à pédale ?
Lorraine: Ça me permet de sentir le vent sur mon visage et de prendre l'air, et puis de traverser toutes les différentes couches de la ville de Marseille, sans être dans les bouchons.
Anne Laure: : Ce qui me plaît, c'est prendre l'air et décrocher du travail. Ça me permet de me vider la tête et d'être libre. J'aime aussi la régularité, ça me permet d'être à l'heure. Et puis, je suis vraiment attaché à mon vélo, c'est une partie de moi, j'adore rouler en ville !"
Un lieu/un point de vue/un bâtiment/un paysage que tu as découvert à vélo dans les quartiers Nord ?
Lorraine: Et bien, le chemin d' Anne Laure !Et franchement il y a un petit truc, vraiment, un bijoux : t'es dans tout cet endroit qui est qui est un peu moche, et tout d'un coup quand tu tournes ici, à André Allard, et là, tout d'un coup, t'as la vue sur la mer ! C'est là où y ales ferries, mais au fond tu vois le Frioul et tout. On y passe souvent à vélo, c'est assez beau et poétique, c'est agréable.
Anne Laure: : J'ai découvert plein d'endroits sur mon trajet à vélo. Il y a la mer, bien sûr, et le port. J'adore le quartier de Colbert. J'aime aussi cette rue Zocalo avec ses vieilles usines abandonnées, je trouve qu'il faut les préserver. La sucrerie Saint-Louis et les établissements Casinos ont un côté un peu désuet qui me plaît. J'ai l'impression de vivre dans l'histoire de Marseille, de voir la ville se transformer sous mes yeux. C'est fou comme certains quartiers changent vite, avec la gentrification, alors que d'autres mettent des années à évoluer.
Une anecdote, un truc inédit qui t'est arrivé en vélotaf ?
Anne Laure: : Ce qui m'arrive souvent et que j'adore, c'est que comme je transporte pas mal de monde sur mon vélo cargo, les gens m'arrêtent en rigolant pour me demander de les emmener. Ils font du stop à vélo ! Ça me fait rire. J'aime bien parler aux gens, donc je trouve ça sympa. Parfois, il y a même des ados qui insistent pour monter. Mais personne ne le fait vraiment quand je les invite.
Comment le vélotaf influence ta vie pro ?
Lorraine : C'est un bon sas de décompression entre vie de famille et travail. Et donc souvent ça mouline un peu une fois que j'ai fini mon trajet à vélo, parce que je me je me refais un peu ma “To do”. Et ouais, c'est un temps agréable.
Anne Laure:: Venir à vélo influence positivement mon travail. Je trouve qu'il y a une cohérence entre nos actions et nos valeurs. Chez Les Alchimistes, on travaille dans les quartiers Nord, et venir à vélo renforce notre engagement local. Même si on n'est pas si loin du centre-ville, ça nous permet de rester connectés à la réalité du terrain et d'apporter des solutions concrètes.
En tant que vélotafeur, qu'est-ce que tu attends de ton employeur pour te faciliter le trajet ?
Anne Laure: : Ce que j'apprécie, c'est qu'on a une prime pour la mobilité douce. Ce n'est pas la raison principale pour laquelle je fais du vélo, mais c'est un avantage appréciable qui m'aide à couvrir les frais d'entretien de mon vélo. Je pense que cette prime peut encourager certains employés à se mettre au vélo. En tout cas, je suis contente qu'on l'ait.
Qu'est-ce qui rendrait ton trajet plus agréable aujourd'hui ?
Anne Laure: Ce qui rendrait mon trajet plus agréable, c'est clairement une piste cyclable. Actuellement, le début de mon parcours est plutôt bien aménagé, surtout depuis que la piste cyclable a été prolongée jusqu'à un certain point. Mais après, ça devient plus compliqué, il manque des aménagements sécurisés

Acteur majeur dans le développement économique et territorial de Marseille Nord, le réseau redéfinit l’avenir des quartiers nord de Marseille. Né de la fusion entre deux réseaux historiques : Entrepreneurs en Zone Franche et Arnavant, Marséa Nord Développement (anciennement Cap Au Nord Entreprendre) fédère les entreprises, agit pour la transformation et l’attractivité du territoire et défend les intérêts des acteurs économiques auprès des décideurs.